N’allez pas jusqu’à la fin

A t’on le droit de croire aujourd’hui ? A t’on le droit de privilégier des espérances obscures à un espoir éclairé ? A t’on le droit de diriger une Vérité plutôt que de prôner l’égalité ?

Il faudrait d’abord s’interroger sur l’existence d’un être suprême, entité supérieure, extra-terrestre omniscient, amalgame de bons sentiments et de violences ordurières ? La preuve n’en a jamais été apportée, malgré la beauté du monde (qui n’a plus grand chose de naturelle), les miracles qui bousculent la position du missionnaire, les gains au loto et les résurrections de dictateurs.

Le fait que le catalogue soit vaste pourrait faire penser qu’il y ait plusieurs créateurs : il suffirait en fait de déposer sa griffe, de susciter quelques scandales, de la personnaliser à l’aide de charismatiques chamans, d’en soutirer suffisamment de notoriété pour en répandre l’envie (et en faire un besoin) au-delà d’un cercle restreint d’apôtres prêts à se sacrifier pour en porter la marque. Il faut du sang, de l’encre, des victoires, des martyrs, de l’honneur et des visions. Comme un Lagerfield qui se dit inspiré par la rue, le messager prometteur d’avenirs meilleurs doit se dire inspiré par les Cieux qui, comme la rue, sont incapables de répondre et de se définir. Comme un exégète de Chanel conspue l’apostolat de Versace, le fan de Jésus ne supporte pas l’amoureux de Mahomet, le pentecotiste ne veut pas monter avec le scientologue qui ne veut pas s’entendre avec le fisc : il n’est donc pas possible de croire en dieu et en dieu. Il faut choisir et là, malheureux, on peut se tromper.

Pascal (Blaise, pas Obispo) parie sur l’existence de Dieu (le sien bien sûr, même si le jeu n’a pas de religion), non pas parce que celui-ci lui est apparu pour défendre les Jansénistes, mais parce que l’enjeu est faible : si quitte sans dieu, ta honte est enterrée avec toi, si double parce que dieu, tu es accueilli dans la gloire. Permettez moi de souffrir l’opposition à ce pari sur la croyance : si tu as parié sur l’existence de Dieu et vécu toute ta vie selon les préceptes diffusés par ceux qui croient surtout en leur intérêt sur terre et que quand tu meurs, c’est le vide, c’est vrai que tu n’as rien perdu (puisque tu ne vas pas t’en rendre compte), tu n’as peut-être pas eu une vie très joyeuse, mais tu as pardonné à ceux qui t’ont offensé ou tu leur as mis une belle bombe dans la gueule. Mais parlons de ceux que tu as entraîné dans ton sillage : tu crois que la femme qui a dû porter le hijab, la perruque ou 12 enfants n’a rien perdu à se morfondre dans les couches inférieures de l’humanité ; tu crois que les enfants qui se sont retrouvés dalaï lama, enfants de choeur, mariés à 4 ans n’ont pas oublié de vivre leur enfance. Et puis ton coiffeur, celui qui s’est spécialisé dans les rouflaquettes, les tonsures, les barbes aérodynamiques et les chignons serrés, tu crois que cela n’aurait pas été mieux pour sa conscience, s’il avait pû t’inviter à son mariage avec Eugène.

Et qu’il y a t’il à gagner dans l’existence de Dieu : la consolation d’une vie de misère, le bonheur et la plénitude éternels et autres gnangnanteries. Après tout (et la vie), pour quoi pas, je n’ai rien contre le paradis, mais avec qui ? Chacun peut-il s’isoler dans une cellule à regarder la télévision, lire, faire l’amour avec Angelina Jolie ou faut-il supporter la présence de Soeur Marie-Paupiette qui a passé sa vie à recueillir des chats abandonnés, Rahimu qui avec 20 co- disciples s’est immolé pour rejoindre le très haut, X qui a établi, avec son avion, l’an 0 du terrorisme expiatoire, Bill qui a escroqué pour oeuvrer dans le charitable… Et puis un Dieu qui ne supporte la nudité qu’avec une feuille de vigne, qui ne tolère le vin que s’il est de messe basse, qui a fait que ses prophètes ne soient jamais entendus dans leur pays mais trop présents partout ailleurs, qui envoie des tremblements de terre pour rappeler sa loi et son opposition au préservatif et qui a permis que Jeanne d’Arc entre dans les histoires drôles comme femme au foyer… Faut-il se vanter de vouloir y être ? Pour reprendre Woody Allen : la vie c’est court, mais, au moins, on connait la fin.

Moi, qui ais commis les sept pêchés capitaux, ne m’en suis jamais repentie (sauf sur les hanches), je ne voudrais croire qu’en une seule chose : pas à un mortel paradis, ni à un néant implacable, juste à ma part d’ange : laissez-moi veiller sur mes enfants et je serai comblée.

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Plus beau plus chaud

En été, la vie est  passionnante. Non pas du fait des programmes télé qui atteignent le niveau 0 des archives, ni de l’actualité qui persiste à être chaude, mais du fait des nouvelles têtes qui décorent soudain vos caisses préférées : alors que vous approchez avec votre caddie plein à craquer, un sourire vous accueille…et lorsque vous vous éloignez, moins nerveux que d’habitude, n’ayant pas eu à courir pour ranger vos courses plus vite que notre desesperado habituelle, c’est vous qui souriez en relisant votre ticket de caisse : 4 guiness au prix d’une. Ah, la vie vaut la peine d’être vécue !!!!

Et pensons à la belle opportunité qui nous est offerte de ressortir notre plus belle plume, afin de faire parvenir, à ceux que nous aimons assez pour ne pas les insupporter de » nous en vacances », une jolie petite carte postale personnalisée :

A l’oncle Grégoire qui n’est jamais parti en vacances de peur que sa maison soit cambriolée pendant son absence : « Il fait beau, il fait chaud, la mer est bleue et personne ne l’a encore démontée » ;

à son cousin Charles qui vous a envoyé une carte postale des Seychelles, de l’Australie, de New York et de Singapour : « Il fait beau, il fait chaud, je me vois contraint de prolonger mon séjour à Plumvelec : les gens m’apprécient tellement qu’ils m’ont nommé maire supérieur » ;

à votre frêre Raoul, qui part tous les ans, 15 jours au camping des flots verdâtres, emplacement n°777 : « Il fait beau, il fait chaud, nous avons visité la Tour de Pise, mais tu as raison, cela ne vaut pas le tour de piste de la Dédette (* emplacement n° 568, NDLR) qui, elle, ne penche jamais du côté où on s’y attend » ;

à votre père qui attend la téléportation, la fin des bouchons et que la voix qui sort du GPS soit moins énervante que celle de sa femme, pour repartir en vacances  » Il fait chaud, il fait beau, on n’a mis que 4 heures pour faire la route et une fois baillonnée, la mère n’est pas si chiante ».

A votre amie Mireille à qui vous ne savez rien cacher : « Il fait chaud, il fait beau et si sur les photos, je porte un pull, c’est parce que j’ai attrapé une allergie ( je cherche encore à quoi, mais vu les experts que je m’enfile du fait du temps merveilleux qu’il fait, je vais bien finir par trouver) ».

A votre mari qui a prétexté énormément de travail pour rester à la maison et vous a assuré qu’il ne vous en voudrait pas si vous partiez sans lui avec les enfants : « Il fait beau, il fait chaud, les enfants sont au Club, je pense que, la prochaine fois, il faudrait prendre la pension alimentaire « …

Votre imagination pétille et vos cartes postales enchantent ceux qui les reçoivent et se demandent pour quoi le Stop pub, apposé sur leur boîte aux lettres, ne fonctionne pas. Par contre, elle jaillit avec moins de panache lorsque, obligé par des obligations salariales, vous restez chez vous, déposez vos enfants chez vos parents et devez leur envoyer des cartes postales pour les assurer que vous ne les abandonnez pas (ce que vous ne feriez jamais de cette façon, parce que vu l’augmentation du pain, et le fait que vous n’en achetiez preque plus, vous seriez  assuré que jamais ils ne retrouveraient le chemin de la maison s’il vous prenez l’idée de les égarer…ce que jamais vous n’avez envisagé, parce que vu l’état des routes qui vous entourent, trop de cailloux et de crevasses leur permettraient de se repérer.) :

« il fait beau, il fait chaud, la télévision vous attend » ; « il fait beau, il fait chaud, j’ai enterré votre collection d’insectes » ; « il fait beau, il fait chaud, il fait calme, je dois commettre un crime » ; « il fait beau, il fait chaud, papa et moi sommes allée au restaurant et avons constaté que nous n’avions pas beaucoup de goûts communs » ; « il a un peu plu la nuit dernière, c’est une grande nouvelle » ; « la voisine vous demande où vous avez caché la gamelle de son chien » ; « j’ai vraiment une vie de merde« .

Le mieux est donc de prendre une carte pré-remplie et de se contenter de signer : « Il fait beau, il fait chaud et les nanas aussi », amusera certainement votre tante Gertrude; « je t’envoie des souvenirs de Plumvelec » ravira votre grand père souffrant d’Alzheimer ; « Dommage que tu ne sois pas avec nous » enchantera votre femme.

Oui, en été, la vie est passionnante….il fait beau, il fait chaud et tout le monde s’en plaint.

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Faut il dire la vérité aux enfants

Hier soir, mon cher et tendre mari a été complètement bouleversé. Non pas par la catastrophe de Bréttigny-sur-Orge, même si en tant que féru de modélisme ferroviaire qui se fait fort d’être fidèle à la réalité, il se demande déjà comment parvenir  à rendre ce déraillement médiatique (il s’est engagé à économiser suffisamment par mois pour parvenir au bout d’une dizaine d’années à se doter de suffisamment de journalistes sachant appuyés sur l’intonation dramatique : attention, un train qui déraille peut en cacher mille autres, professionnels de l’expertise sachant appuyés sur la vétusté de lignes qu’ils ont délaissé depuis longtemps, témoins sachant appuyés sur leur téléphone portable pour s’angoisser qu’ils auraient pu réserver les places des morts. Compatissons, enquêtons, prenons les mesures mais n’oublions pas qu’à chaque ligne qui ferme, c’est un bout de campagne qui meurt.).

Non, mon mari a été complètement chamboulé en apprenant, par le biais d’une délation fraternelle, les aventures adultériennes de son père et sa mère. Il est tombé des nues (enfin, nus pour ce qui concerne sa maman), j’ai essayé comme j’ai pu de le réconforter : « je sais que ton père est ton modèle, mais si tu t’en inspires sur ce point, c’est fini entre nous deux« . Il s’est essuyé les yeux et m’a juré que ce n’était pas son genre (parlait-il des maitresses de son père ou des amants de sa mère ?).

Ce n’est jamais facile d’apprendre une vérité désagréable (enfin, cela dépend de la position qu’on occupe vis-à-vis de cette vérité) sur ses parents. Moi-même, j’ai eu un choc effroyable quand j’ai su que mon père, jeune, avait porté des chaussettes de tennis. Je lui en ai voulu longtemps, puis, après plusieurs mois de bouderie, surtout au moment de Roland Garros, j’ai réfléchi que je lui avais bien pardonné le fait qu’il soit fan de Johnny…(justement, hier au restaurant où nous déballions les secrets les plus intimes le mobile du monsieur s’est mis à sonner et c’est notre gueulard national qui l’en a averti. J’ai hésité entre m’esclaffer, l’étrangler ou le dénoncer à la brigade des moeurs. Comme sa femme avait l’air d’avoir dépassé la date de la crédibilité virile et que mes mains sont plus dignes de la fourmi que de l’éléphant, je me suis étouffée avec une feuille de salade). Quant à ma mère, je ne serai surprise par rien de sa part : elle periste et signe à regarder Plus Belle la Vie, elle doit avoir un sacré vécu.

Je me souviens des seules larmes que j’ai vu verser par mon ex : c’est lorsqu’il a appris que son frère divorçait. Par contre, c’est moi qui en ais versé le jour où j’ai appris qu’il menait une double vie et que je n’étais pas la seule à lui tricoter des pulls. Ce qui me fait dire sagement que si mon beau-père et ma belle-mère (qui ne l’étaient pas à l’époque, non pas beaux, mais mes beaux-parents, vu que j’ai rencontré mon mari après leurs galipettes illégitimes, supposant que depuis, l’âge et le décrépissement, tant d’eux-mêmes que d’éventuelles proies consentantes, aient eu raison de leur turpitude) ont batifolé chacun de leur côté en partageant non un lit (sauf deux fois, semble t’il), mais une compréhension ou une ignorance mutuelle, et que personne n’a souffert (à part mon mari, mais il a 46 ans et peut s’en remettre sans tout un déploiement de soutien psychologique qui remonterait peut-être Oedipe à la surface alors que j’ai déjà du mal à supporter son stade anal permanent), ils auraient pu se débrouiller pour que leur fils aîné ne porte pas de chaussettes de tennis (ce qu’il m’avait caché avant le mariage, mon amour n’a survécu à cette funeste révélation que, grâce à la certitude, que si jamais il me trompait, avec de telles chaussettes, ce serait pour une moins bien que moi.)

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Ledroit des animaux à un paradis

J’ai appris avec effarement qu’il existait une association s’intitulant « Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoir ». Cette association, contrairement à ce que son nom indique, n’a pas pour objectif d’aider les bêtes à ne pas bouger, pendant qu’un samaritain met un terme à leur broutage insipide. Non, elle a pour ambition de soulager la douleur ressentie lors de cet intermède toujours délicat et inconnu entre la vie et la mort. Ainsi, avait-elle porté plainte contre la méthode employée par, devinez-qui, les juifs et les musulmans, ces barbares sans foi préférant l’égorgement à l’étourdissement pour certainement une question de digestion. Le Conseil d’Etat l’a déboutée et certainement que les moutons ont en été fortement mortifiés, bêlant à l’injustice, au droit à une mort digne et à une extinction en douceur.

Pourquoi ne pas déployer, à tous ces animaux élevés dans le confort et la douceur, durant leur passage dans le couloir de la mort, la panoplie universelle de la bonté humaine : de la musique ique, des pulvérisations de Chanel n°5 pour qu’ils ne stressent pas et paniquent en écoutant les cris d’agonie et en humant les effluves écœurantes des libérations excrémentatoires, et the must, la venue d’une star interplanétaire capable de vocaliser devant un dictateur bienfaisant et donc ne craignant pas la vue du sang. Elle saura verser quelques larmes compatissantes tout en apportant une touche glamour à la scène de crime. Il serait également opportun de mettre en place un partenariat avec Karl Lagerfield ou autre styliste sachant dénaturer si merveilleusement la silhouette, pour que ces animaux sacrificiels disposent de substituts transitionnels vestimentaires  et puissent ainsi cacher leur nudité aux yeux exorbités de leurs bourreaux.

Et tant d’autres causes désespérées peuvent être soutenues. Je propose la création de l’association pour la bénédiction des insectes écrasés par les transparents pare-brise : à quand un grand ingénieur capable d’imaginer un pare-brise suffisamment souple pour que l’insecte, entravé dans son envol, puisse rebondir sur l’obstacle sournois et atterrir sur les bas côtés où il pourra reposer en paix et faire comprendre à quelques oiseaux son soutien à la lutte pour le renouvellement du cycle alimentaire. Je dis non au gâchis. Et les casques devraient être conçus avec un miroir intégré, pour que la bestiole puisse, au moment de percuter le motard qui clôt son destin d’une façon aussi brutale, s’admirer dans l’effroi et prendre une pose adéquate pour la postérité. Je ne sais si dans ce combat il y a matière à s’en prendre aux juifs et aux musulmans, mais je fais confiance à l’inventivité humaine pour trouver le moyen d’y glisser un slogan pro-cochon.

Quant aux papillons se brulant aux hallocègenes ou autres braseros, il faudrait songer à y glisser quelques gouttes d’encens afin que chacun puisse entrer en transe lors de cette communion avec la ferveur animale.

Certains ont pensé à creuser des tunnels sous les routes, afin de permettre aux hérissons de traverser sans encombre des territoires où leur présence est tolérée. Que nenni ! Leur mort doit être glorieuse et prenons modèle sur la chèvre de monsieur Seguin qui, si elle était restée tranquillement sur les pâturages, n’aurait jamais accéder à une célébrité qui fait même saliver Madonna. Dotons chaque hérisson d’une armure en titane et laissons le mener son combat contre la voiture, afin que celui qui échappe à l’écrabouillage puisse s’en vanter auprès des générations suivantes qui, inspirées par cet exploit, chercheront également à conquérir le bitume, distrayant les touristes fortement ennuyés par des alignements de champs aux couleurs trop uniformes.

Oui, quelle plus noble cause que d’accompagner nos compagnons de démangeaisons vers une fin respectueuse et honorable. Cessons de focaliser notre combat sur l’euthanasie humaine et sachons ouvrir nos horizons d’empathie, afin que les animaux obtiennent le droit à un paradis sur terre.

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la beauté extérieure des cerveaux

(c’est scientifiquement prouvé, la femme a un cerveau)

Je ne remercierai jamais les journalistes (si si, on peut les qualifier de journalistes, ceux qui écrivent des articles en s’inspirant de l’air des médias dont ils copient les inspirations en y apportant une touche de signature) qui glorifient certaines femmes en les qualifiant d’exceptionnelles.

Et qu’ont-elles d’exceptionnelles ces femmes sur lesquelles bavent un plumeux qui, peut-être, aussi lance un appel à leur générosité et leur gratitude ? Elles sont belles et intelligentes

Il s’agit par un tel éloge de tuer les a priori sur l’image du mannequin « belle mais conne »… mais pas celui qui stipule qu’un journaliste est fiable et intelligent.

Sauf que nous avons bien affaire à une exception qui confirme la règle : la plupart des mannequins ne dépassent pas la lumière du flash qui les réverbère. Et notre articuleux de s’extasier sur la capacité digestive à la culture de ces femmes exceptionelles et sur leur cursus scolaire hors du commun : ces bombes de la plastique sont dotées d’un bac s mention très bien pour l’une et pour l’autre, de deux années successives à l’abord de la licence 3 (??? est-à dire qu’elle a réussi à esquiver la plongée dans la licence 4)…

Il ne faut pas tout de fois pas exagérer dans l’exceptionnel , nous n’avons pas une doctorante en biologie supra-diffusionnelle ou une apprentie en cuisine moléculaire ; juste quelques années d’études qui ne dépassent pas le bagage super moulant de notre pharaonique de la phrase.

Est-ce qu’un bac s « mention très bien » aménerait autant à l’orgasme notre hyperbolique de la rareté, s’il était décroché par une ventouse de bibliothèque au physique peu rayonnant ? Ben non, c’est banal. Ce qui fait jouir notre féministe sélectif, c’est que ces femmes ont choisi une filière superficielle, alors qu’elles renferment un cerveau suffisamment brillant pour devenir d’incroyables assistantes de journaliste. Elles ont percé dans un milieu très glamour, alors que si ça se trouve elle pourrait construire des étagères toutes seules. Elles sont canons ! Maudit celui qui voudrait les voiler pour les inférioriser, alors qu’elles sont disponibles en haute définition.

Ce discours de macho courtois et ébaubi, on ne le retrouve pas seulement sous le clavier d’un dévidoir de préjugés. il suffit de lire une resucée de magasine féminin pour remarquer qu’à chaque fois qu’une « star » est interviewée, celle qui retouche ses phrases va s’extasier sur la combinaison osée entre la beauté et la polyvalence talentuesque d’une femme….exceptionnelle !

Et lorque est abordé le thème de la fidélité masculine, voilà que nos combattantes pour l’égalité sexuelle parlent de miracle et de responsabilité de la partenaire : si un homme parvient à rester fidèle à sa femme, c’est qu’il est exceptionnel et qu’elle a su rester banale : pas compliquée, ouverte et bonne pondeuse…

Malheureusement, je crois que les femmes d’exception, c’est celle qui qui se trouve belle sans l’aide d’un regard masculin et celle qui a le droit d’être intelligente sans se mesurer à un homme.

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J’ai lu des critiques littéraires

Je ne pourrai jamais être critique de livre. Il faut du talent pour s’exclamer « livre époustouflant écrit dans un style captivant » : le gars, il parvient, dans la même phrase, à insérer une rime – pauvre mais qui marque un détournement spirituellement anarcho-révolutionnaire du classico-mensuiviste alexandrin, à nous apprendre que le livre a été écrit, sans bien sûr se prononcer sur la qualité de l’auteur, et à nous révéler qu’il est possible d’être surpris par une prise d’otage.

Il faut  être sûr de soi pour affirmer « le livre le plus hilarant qu’il m’ait été donné de lire » : le type nous distille, d’une sentence concise mais claire, le fait que le bouquin est marrant, qu’il lui a été donné et qu’en plus il se lit. Bien sûr, il pourrait faire croire que le plus drôle dans l’affaire est qu’il n’ait pas eu besoin d’acheter le livre, mais il se rattrape en ajoutant l’expression « de lire » pour bien faire comprendre que s’il s’est adonné à la lecture d’un ouvrage qui lui a été offert, c’est que celui-ci était doté d’une couverture suffisamment attrayante pour qu’il l’ouvre, ce qui semble aller de paire avec un grand soin apporté aux caractères d’imprimerie.

Et quelle imagination fait preuve celui qui écrit  » c’est un livre qui vous touche en profondeur.. ». Remarquez la subtilité, non pas « qui vous caresse de l’intérieur », mais « qui vous touche en profondeur », alliant la matérialité et l’indicible, le sensationnel et la verticalité, l’emprunt et l’empreinte, la fugacité de la lecture et la permanence des émotions qu’elle suscite, la plongée en apnée dans un océan de relations complexes entre des personnages dépassant les intentions d’un auteur, dont l’ambition première était d’atteindre le point final en gardant une cohérence dans l’inventivité des morts successives.

Quel risque pour celui qui inscrit « un sérieux candidat au titre de Grand Roman Américain ». Notez les majuscules qui emphatise le titre, pour lui donner de l’ampleur et donner sérieusement l’impression qu’il s’agit d’un compliment. La critique étant injustement imprimée, on ne saura jamais si de candidat, l’écrivain aura transformé en lauréat.  Mais Georges Wolinski (auteur illustre) ayant dit « c’est difficile de prendre au sérieux une femme qu’on a envie de toucher », pour qu’il remporte l’honneur d’être consacré comme Grand Roman Américain, outre que cela suppose qu’il soit américain et qu’il ait écrit un roman, il faut que les jurés désigneurs d’une telle apothéose (il semble donc qu’il existe des gens heureux d’être distingués comme américains) n’entrent surtout pas dans la catégorie « lecteur« , au risque d’enlever tout sérieux à la chose.

Quel sens de l’exhaustivité dans « Entre polar exotique et roman historique, un récital littéraire qui consacre la magie du verbe « . Tout ça, pour dire que le critique n’a pas su trop où se situer dans l’espace temps du rendu de son article et n’a pas compris le truc qui faisait que les mots tenaient sur les lignes.

Et l’auteur célèbre à qui on demande de juger le livre d’un « collègue » : « un livre d’une force et d’une intensité extraordinaires, c’est LE chef d’oeuvre de David Gregman ». Traduisez pas : c’est un tour de force exceptionnel, qui ne se renouvellera pas et c’est la fin de David Gregman.

Et celle-ci « l’écriture de …., aussi impitoyable qu’un uppercut, aussi cruelle et violente que peut l’être la vie, est rythmée comme un match ». On a  envie de dire « A mort l’arbitre ! ».

« Roman intelligent, déconcertant, souvent drôle, parfois poignant », que de mots délicats pour signifier : je m’y suis un peu ennuyé, sans queue ni tête, quelques sourires m’ont échappé et encore c’est parce que je me suis retenu de pleurer.

« Dès les premières lignes et la scène d’ouverture, saisissante, le lecteur pressent qu’il embarque dans un grand livre. » Définition du verbe pressentir par le petit Larousse : prévoir vaguement quelque chose, par intuition. Notez la beauté de la métaphore entre le vaguement et l’embarcation. Deuxième sens : s’enquérir des dispositions de quelqu’un avant de l’appeler à certaines fonctions ; le critique s’enquiert des premières lignes et celles-ci lui donnant toutes satisfaction, il le nomme grand livre et, sa noble tâche accomplie, il peut s’envoler pour l’Ile Maurice.

Pour finir en beauté : « Julia… est romancière, et ses histoires sont pleines de ces petites choses qui nous enchantent ». « …. est critique littéraire et ses critiques sont pleines de ces petits mots qui nous démontrent que lire n’est pas à la portée de tout accouchement. »

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amour,gloire et tupperware

Tout le monde (enfin, ceux qui possédent un réfrigérateur, un micro-ondes ou une voisine envahissante) connait les tupperware, le summum de la petite boite qui ne fuite pas, ne s’ouvre pas de façon intemperstive et ne fond pas quand on la chauffe (à condition de ne pas être sur la position grill sinon ça donne ça    gamelle_app_tissante__640x480_ ).

Tout le monde (enfin, ceux qui ont eu une mère qui s’ennuyait à essayer de faire des plats en suivant scrupuleusement des recettes vantées comme faciles et appétissantes et qui se retrouvait avec des marmites entières de ragoûts ou de civets dédaignés par des gamins incapables de comprendre pourquoi les petits pois du jardin seraient meilleurs que les conservateurs gratinés de bisphénol A des boîtes de conserve, au si bon goût si peu petitpoidantesque) peut tenir son auditoire en rapportant des anecdotes croustillantes sur les si celèbres réunions tupperware

Ces femmes si strictes dans leur rangement et si maniaques dans leur tablier s’enthousiasmaient devant une autre femme si persuasive dans sa mallette magique, leur apprenant à se lâcher devant un pichet dont le plastique rigide empêche l’eau de se déverser ailleurs que dans le verre, devant un moule à charlotte capable de convertir le fanatique du cake, devant le beurrier frigide, le moule incollable, le coupe-pizza indestructible, le partage-tarte anti-guerre civile, le saladier indéfrisable, le moud-ail garanti sans larme. Et le gateau final, fleurant la liberté, l’épanouissement du sens de la convivialité et le relâchement du cordon bleu de la bourse, permet à chacune de rentrer repue et étonnée de se retrouver avec un shaker qui réussit toutes vos vinaigrettes et vos cocktails glamours.

Mais tout le monde n’y investit pas la même valeur. Ma mère y a investi du temps (elle a été manager en chef bienfaitrice de rang 7 sur l’échelle de la pandémie interplanétaire et a été décorée de nombreux cadeaux pour sa bravoure à affronter des manégères sceptiques), certains des idées (à fond perdu ?) , ma belle-mère de l’argent et mon mari du sentiment : il a reçu de sa mère une superbe gamelle bleue (sa couleur fétichiste obsessionnelle), sertie de magnifiques couverts assortis (sauf avec la viande puisqu’ils sont incapables de trancher dans le vif) et d’un adorable gobelet d’une contenance à frôler la déshydratation. Tous les soirs, il la sort de son coffret anti-rayure, la couve du regard et la caresse tendrement, lui jurant fidélité et promettant de prendre soin d’elle et de ses rejetons jusqu’à ce qu’un grill les sépare (heureusement, ce n’est pas la version gonflable et je peux encore m’incruster sur le côté droit du lit).

Si j’ai le malheur de fermer la boîte trop abruptement, il grogne ; si ma fille se saisit du couteau pour admirer sa fluidité, il grogrogne ; si j’ose murmurer que le gobelet n’a aucune utilité, il tempestagrogne. C’est le cadeau de sa maman à lui pour lui tout seul. Faut pas touche, sauf pour le nourrir. J’ai pour idée de lui offrir le brillantissime et banquissime thermos tupperware pour noël, mais j’ai peur qu’il n’y incarne pas la même possessivité : je ne suis que sa femme, je ne suis pas irremplaçable…

Sachez qu’une belle-mère sait toujours déployer les pires armes pour conserver l’amour de votre mari. 

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Le droit de mourir tranquille

Oui, à l’euthansie, mais à condition de ne pas être un héro.

A chaque fois, qu’une pauvre vieille se torture à baver « arrgh pwou ffliiub », ce que ses compatissants enfants, dégoutés et pressés d’en terminer avec cette agonie qui les empêche de faire tranquillement leur deuil, traduisent par « je souffre trop, achevez – moi » et non par « punaise qu’il fait chaud, donnez moi à boire » ou par « qu’est-ce vous avez tous à me regarder comme si j’étais en train de creuver« , quelques bons vivants s’exclament, la main sur le coeur : « légalisez l’euthanasie « , sans rajouter « pour ce que ça sert un vieux », ce qui enléverait toute crédibilité à leur empathie (douleur en moins), surtout qu’ils le réclament également lorsqu’il s’agit d’abréger les horribles souffrances hideusement difformantes d’un jeune polyhandicapé qui, franchement, ne sert pas à grand chose non plus.

Par contre, soyez le premier président de l’afrique du sud et, là, tout le monde prie pour sa survie et s’afflige que cet homme mémorable puisse quitter prématurément la terre, lui qui a permis au côté sombre d’approcher l’Histoire. Il n’a que 95 ans et il représente tellement mieux vivant. S’il se met à baver « arrgh pwou flliiub« , ces comptenteurs vont s’extasier. Le grand Mandela a dit : « hommes vivez tranquilles, car je meurs (sous les caméras) en emportant vos péchés« . Notre Chirac doit être jaloux : encore trop bien en point, s’il a le malheur d’expirer un petit « argh piou flup », les journalistes vont extrapoler qu’il avoue avoir aidé Sarkosy à ouvrir les enveloppes offertes par la Bettencourt. Et Obama, pour ne pas contrarier les américains et les africains et les médias en leur apprenant qu’à 95 ans, il est normal de mourir et que plus vite cela se terminera, plus vite il sera possible de s’emparer de l’oeuvre du grand homme pour tirer des millions d’exemplaires d’interprétations, va visiter l’ancienne geole du non-invincible homme. Qu’il n’a plus besoin de placer sous écoute vu que tout le monde parle pour lui. Oui, magnifiques barreaux, et le papier peint est d’origine ?

Toi, le vieux crouton, qui prend le lit d’un plus vivace, abrège les souffrances de ceux qui t’entourent ; toi, la vieille mie, qui prend de l’écriture dans nos livres d’histoire, supporte la douleur pour faire croire que le mort ne peut vaincre l’espoir.

Donc oui à l’euthanasie, à condition d’être le symbole du combat qu’on veut mener : celui de la fin d’une inutilité.

ps : Jeanne Calment, priez pour nous pour qu’ils ne lui fassent pas enregistrer un disque

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Soldé par un échec

Ma fille et moi avons tenté de faire les soldes.

1ère erreur : comme l’essence n’est pas incluse dans les marchandises accessoires et non indispensables ayant besoin d’un coup de pouce saisonnier pour susciter la convoitise, nous avons décidé de considérer la grande ville lointaine comme inaccessible à notre objectif d’allier dépense outrancière et sérénité et nous sommes contentées de la petite ville proche, c’est-à-dire ça :

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1ère déception : le magasin de jouets ( côté rêve  côté rêve américain), qui catalysait toutes nos espérances ne brandissait, à l’extérieur, aucun slogan en faveur de pourcentage de rabais enthousiasmant et affriolant : pas de – 70%, de -50%, même pas un -20% qui aurait fait frétiller une carte bleue impatiente de se cramer au soleil des affaires qui, si on y réfléchit, n’en sont pas, mais en ont assez l’apparence pour qu’on se sente quelque part (au niveau de l’hypothalamus gauche, dédale neuronal hypertrophié, influx débiteur) fier de soi. Nous entrons. Une vendeuse à peine heureuse de nous voir, des rayons débordant d’affection, des tentations aux étiquettes glaçantes, une sortie furtive . Un retour à la réalité d’un trottoir qui s’offre plus facilement qu’un sésame aux voleurs de rêves au-dessus de leurs moyens

2ème erreur : nous continuons, déterminées à affronter les cohues de fashionistas  ayant repéré le pull torsadé purple pink et le bonnet en laine tendance hype made in maison de retraite, tout à fait coordonnés avec les frimas d’un été qui se solde lui-même par un échec.

2ème déception : en fait de cohues, nous nous sentons quelque peu déboussolées par l’absence d’humains autrement qu’agrippés à un verre aussi rempli que le regard est vide, ou articulés par le biais d’une canne  (il va falloir vous y faire, Brad Pitt est vieux) qui sert aussi à éloigner les jeunes tous des voyous, bien qu’ils soient protéger par une aura macérant l’urine rance et exhibant la déchéance putride suffisant à bannir toute tentative d’intrusion dans leur sphère médicamentactive.

1ère satisfaction : nous nous sentons jeunes, nous nous sentons dynamiques.

3ème erreur : nous entrons dans un magasin de vêtements de sport

3ème déception : le sport consiste à essayer de dénicher un vêtement dans le magasin

4ème erreur : nous tournons la tête de droite à gauche et de gauche à droite, bêtement de haut en bas

4ème déception : à part des banques, des assurances, une mairie très XVIIIème, des fleuristes, une pompe funèbre  (encore un rêve qui passe), des bancs, des pharmacies et des panneaux à vendre, nous constatons qu’aucun effort n’a été fait pour égayer le centre ville et satisfaire les ventres vides

2ème satisfaction : la librairie de la presse est ouverte et je découvre un nouveau magasine féminin « Echo-logique », slogan : le meilleur des calculs mondains à l’aide de papiers recyclés (pour savoir qui peut être avec qui et pour combien de temps).

5ème erreur : je console ma fille en lui décrivant qu’internet est une énorme corne d’abondance qui pourra combler ses envies fugaces qui, elles, pourront remplacer les désirs éphémères de l’année dernière

3ème satisfaction : ma fille redécouvre les désirs éphémères de l’année dernière et veut en faire les envies fugaces de cette année

5ème déception : elle a grandi

6ème erreur : je décide d’aller sur quelques sites. Tout est beau, tout est pas cher, le choix est incommensurable (mon fils était jaloux de ne pas figurer dans ce billet).

6ème déception : j’ai le choix entre payer des frais de port à faire penser que le prix de l’essence a subi trois guerres du golfe et cinq raffinages à l’or fin, ou acheter pour 120 euros de vêtements dont aucun n’est à la bonne taille .

4ème satisfaction : ma fille entre encore dans 3 de ses jeans 12 ans et elle veut bien attendre l’ARS (l’allocation de rentrée de solde) pour aller se faire rhabiller.

7ème erreur : j’ai voulu vérifier si j’entrais encore dans mon jean taille que c’est une honte que les mannequins ils entrent à deux dedans…

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La conduite accompagnée par la peur

Je vous avais annoncé il y a quelques billets, du temps où les routes étaient libres et dégagées, que mon fils allait commencer la conduite accompagnée et je concluais sur un air à la Hitchock mâtiné d’un effroi à la tronçonneuse, qu’il serait accompagné par moi…sous-entendant qu’au vu de mes exploits passés et de mon habileté à éviter soigneusement toute aire de stationnement ne présentant pas un kilomètre d’emplacements libres, il risquait d’y avoir une baisse de la surpopulation.

Et bien je peux vous rassurer, il se trouve que mon fils n’a pas besoin de moi pour être un danger public, même avec mon mari, il sait parfaitement manier le volant de façon à vérifier si enfreindre le code de la route apporte son lot quotidien de gendarme.

Pour l’instant, nous ne décomptons que deux victimes : la voiture de mon mari, qui a subi un léger relifting lui permettant maintenant de prétendre à la carte grise de l’ancienne combattante de la guerre contre les réalités du terrain et ma voiture qui, après une rencontre inopinée avec un terre-plein absolument pas bourré (comme quoi accuser l’alcool  d’être la première cause des accidents de la route est faire preuve d’ignorance quand on sait tout ce qui peut traverser le trajectoire d’un véhicule plus assuré que son conducteur), a décidé de faire la grève du pneu et s’est dégonflée, refusant de poursuivre cette aventure qui fait au moins un heureux : notre garagiste.

Je pourrais ajouter à la liste, mes nerfs, qui n’ont jamais aussi bien joué la comédie, gardant un calme olympien tout le long d’un trajet permettant d’apprécier un défilé toujours renouvelé d’obstacles au potentiel mortel jusqu’ici insoupçonn, pour, une fois désencastrés de la voiture, se relâcher dans des hurlements hystériques contre l’idiot qui a oublié de sortir la poubelle ou le crétin qui n’a pas rebouché la bouteille.

Je ne sais pas qui a eu un jour l’idée folle de la conduite accompagnée, mais il ne devait pas avoir d’enfant

Il faut dire aussi que mon fils avec son pouce hypertrophiée, ses réflexes de paresseux sous sédatif  et son envie de rebuller dans son monde virtuel, aborde la conduite avec l’enthousiasme d’un maire socialiste devant les prochaines élections municipales : à quoi bon, puisque je vais me planter…et il tient ses promesses.

Passe encore qu’il cale, qu’il freine trop tard au feu rouge (nous avons le temps de prier que le piéton téméraire se rende compte qu’il ferait mieux de se consacrer à la prêtrise) et beaucoup trop mais beaucoup trop tôt au stop (nous avons le temps de regarder la limace se plaindre à l’escargot que la pluie abondante lui empêche de profiter de son bol de bière annuelle), passe encore que les tournants semblent être plus droits que dans leur habitude, et que les lignes droites semblent habitées de virages très serrés, mais pourquoi la seule flamme de stress que je n’ai jamais pu obtenir de lui s’allume dès qu’il s’assoit sur le siège conducteur.

J’ai essayé de l’avertir sur les impasses où allaient le conduire son indolence au lycée, sur les nids de poule que constituait son hygiène corporelle douteuse quant à ses chances d’obtenir une faveur féminine, pas un instant de doute ou de panique n’a transformé son comportement. Et là, je le mets au volant, et il se transforme en Hulk effrayé par le moindre clignotant. Et donc, ce stress s’arrête automatiquement dès que le compteur ne tourne plus. Pour le faire réagir et l’obliger à se contrôler, je lui dis qu’il paiera les réparations. Pas de problème, il répond, ayant retrouvé son flegme de gosse blasé qui va retrouver le confort suffocant de sa chambre calfeutrée. Il paye et il casse. Maintenant, je cherche un thérapeute pour ma voiture….

 

Si une fois, mon fils s’est vraiment affolé et a craint pour son avenir…

Un matin, il me dit si je veux entendre la grosse bêtise qu’il a commise la veille. Avec lui, je ne m’attends plus à rien, je n’espère même pas qu’il surfe sur les sites pornos. Bien sûr, quand je rentre dans sa chambre, sans frapper, comme toute mère qui se respecte, il ferme précipitamment la fenêtre qu’il était en train de voyeuriser, mais j’ai peur si je lui demande de me montrer la cause de son délit de fuite qu’il me dévoile une face encore pire que celle qui se distrait des pokemon. Il manquerait plus qu’il se passionne pour les schtroumfs ou, pire encore, pour la politique française et je n’aurai plus qu’à me jeter sur le premier pédopsychiatre promulguant qu’une bonne fessés ne peut faire de mal que sur la fesse où elle est appliquée.

Alors, stoïquement, j’attends qu’il m’avoue qu’il s’est remis à sucer son pouce ou qu’il n’a pas pu s’empêcher de dynamiter son copain Cyprien qui n’arrêtait pas de le narguer avec ses chasse-trognoles qui augmentent la puissance de frappe de 20 000 megapoussettes.

Et là, il me raconte qu’il n’a pas dormi de la nuit, parce qu’en téléchargeant (légalement ou non, en tout cas j’ai rien payé, j’ai vérifié sur mon relevé de compte), un pic-nick-c’est-moi-l’andouille, un cheval de Troie s’est invité, lui a permis d’observer des dames en position tellement bizarroïde qu’on aurait dit du Picasso et maintenant il ne peut plus ouvrir son ordinateur sans se trouver face à un message de la LOI l’accusant d’intrusion, de violation ou d’un autre mot en ion qui ne participe pas à son univers linguistique habituel et exige de lui qu’il verse 100 000 euros pour éviter la prison.

Je le regarde, complètement réduit par la frousse à son cerveau dont il découvre les rouages, je laisse échapper un rire qui convaincrait n’importe quel comique de se convertir en gérant de pompes funèbres, avant de me rappeler justement avoir lu un article rapportant qu’un ado s’était suicidé après une menace similaire. Je reprends donc mon visage de mère posée et le rassure : c’est une connerie. Les pirates malheureusement détournent leur splendide talent informatique au profit de la mauvaise cause, la leur et même moi (moi quand même !), j’ai failli me faire avoir, quand j’ai reçu un email soit-disant émanant de la caf et me promettant que je n’avais pas reçu et qu’ils me devaient une somme pas mirobolante mais suffisante pour attirer ma vénalité mon sens de l’économie. La rédaction était tellement obscure et d’un phrasé à faire passer le français d’un téléopérateur maghrébin pour une citation de Lamartine que j’y ai absolument reconnu le dialecte utilisé par notre caisse nationale. Et je me serai laissé berner si quand je cliquais sur le lien il ne m’était pas réclamé mes coordonnées bancaires… Et là,  mon pare-feu auvergnat s’est actionné et à stopper net la transaction.

Vu mon niveau en informatique (que ce blog sommaire traduit bien), nous sommes allés chez un déprogrammateur. Cette mésaventure ne m’a pas coûté 100 000 euros, mais 113 € et une semaine sans ordi, accaparé par un fils qui commençait à manifester des signes de manque s’il ne sniffait pas immédiatement son mycraft quotidien.

 

Et donc qu’on ne me traite plus de mauvaise mère (revendication qui semble être à la mode maintenant qu’écrire sur les malheurs de la maternité rapportent de nombreux lecteurs et progénérent des millions ), alors que je prête ce que j’ai de plus cher à mon fils : ma confiance.  

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